1947-2023 – De la « Guerre Froide » à la déchéance de la « gauche » française: un cas particulier…

 

 

Etrange retour sur l’histoire du mouvement prétendument « marxiste-léniniste » en France, et sur les fondamentaux « oubliés » et/ou « révisés » du ML, mais qui, en réalité, n’ont jamais été les siens.

 

Historiquement partagé, dans ses origines, entre les jeunes intellectuels grands bourgeois « althussériens », dont BHL est l’avatar ultime, et les vieux débris du PCF thorézien, qui n’avait déjà de ML que le formalisme de son langage, par nécessité de « coller » aux restes de la IIIème Internationale faillie et justement dissoute en 1943 par le PC(b) de l’URSS, ce mouvement n’a cessé de végéter et de dégénérer, depuis sa brève « heure de gloire » post-soixante-huitarde entre groupuscules et micro-« partis » singeant le langage de leurs « ancêtres », qui thoréziens, qui maoïstes, qui « hoxhaïstes »…

Cultivant l’illusion de sa propre « survivance » sur le net, ce miroir aux alouettes attire encore néanmoins sporadiquement quelques jeunes militants dont l’éveil à la conscience politique se trouve donc dévoyé et fourvoyé par l’apparence de « légitimité historique » de ces micro-organismes en voie de décomposition avancée, mais qui, sur le net, donnent l’impression de « bouger encore », même si ce n’est plus, en réalité, que la fermentation de cette décomposition.

Parmi ceux-ci, un « Camarade Novhum », de son pseudo, qui anime sur le net une chaîne Youtube ( https://www.youtube.com/@Camarade_Novhum ) dont le morceau de bravoure essentiel est une longue « critique du maoïsme », supposément en défense d’une interprétation « hoxhaïste » de l’histoire du mouvement « marxiste-léniniste ».

A la recherche de quelques notions basiques de la dialectique, le « Camarade Novhum » est donc tombé sur une polémique datant déjà de 2017, à propos d’un ouvrage rédigé par un « syndicaliste révolutionnaire » de la CGT, et se présentant comme « L’Evangile de la philosophie et de la révolution », tout simplement!!! A l’époque déjà, le débat avait donc connu quelques rebondissements, et le « Camarade Novhum », en 2023, a donc voulu y ajouter les siens…

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2017/10/22/sur-la-nature-ontologique-ou-epistemologique-du-materialisme-dialectique/

 

S’en est donc suivie, principalement par mails, une nouvelle polémique concernant l’histoire du « mouvement marxiste-léniniste » français, par elle-même essentiellement anecdotique, mais qui nous a néanmoins incité, par contrecoup, à chercher à comprendre ce qui peut être réellement important et déterminant, dans la situation actuelle, où la signification des luttes sociales ne peut donc guère être séparée de l’évolution du conflit ukrainien et de ses multiples implications géopolitiques, géostratégiques, et géoéconomiques!

Ce sont donc les éléments déterminants de cet échange qu’il nous parait utile de republier.

Luniterre

 

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En réponse à: 

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2017/10/22/sur-la-nature-ontologique-ou-epistemologique-du-materialisme-dialectique/#comment-9835

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«  Je vois dans ton post une sorte de proposition de sujet de débat et/ou d’étude  :

«  Je souhaiterais pouvoir converser avec vous Camarade par mail afin de pouvoir vous partager des articles et vous exposer de façon concise des analyses plus poussées.

Par exemple, le développement du postmodernisme au sein des militants de groupes historiquement communistes.
Cela demanderait du temps.  »

 

Franchement, camarade, comme test de confrontation à la réalité sociale actuelle, je pense que tu devrais aller à la sortie d’une entreprise, usine ou autre, et faire style de «  sonder  » les salariés avec ta question  :

_«  Que pensez-vous du développement du postmodernisme au sein des militants de groupes historiquement communistes  ?  »

J’imagine assez la scène… Probablement excellente pour un film comique…

Avant d’espérer pouvoir  «  faire des émules de la révolution prolétarienne  »  il faut avoir quelque chose de cohérent à dire aux prolétaires, et cela se prépare par l’étude du système actuel de domination de classe, tel qu’il a évolué en fonction du développement des forces productives modernes, en voie de robotisation.

Ce qui change, avec cette évolution, c’est le rapport entre valeur d’usage et valeur d’échange, dans la production et la circulation des marchandises.

C’était donc finalement ce qui a amené le point de rupture définitive entre TML et le reste du pseudo-«  mouvement marxiste-léniniste  ».

La proposition était donc d’organiser une «  auto-formation  » sur les thèmes de base du marxisme permettant éventuellement aux militants d’en débattre  :

https://tribunemlreypa.files.wordpress.com/2023/04/concernant-la-fermeture-du-blog-tml-27-03-2021.pdf

« La connaissance des fondamentaux les plus élémentaires porte nécessairement sur la relation dialectique entre valeur d’usage et valeur d’échange, la formation de la plus-value, la plus-value relative et le cycle du capital fixe. Avec ces quelques notions, plus quelques rudiments concernant la création monétaire, il devient possible de comprendre l’évolution banco-centraliste du système et ses conséquences sur la lutte de classe. Et donc de définir et d’adopter une stratégie appropriée et surtout de la mettre en pratique, même si avec nos faibles moyens. »

– 1er Mai 2021 : manifestation ou enterrement ? Telle est la véritable question –  http://mai68.org/spip2/spip.php?article8603   

 

Comprendre ce que devient la plus-value dans les conditions actuelles de développement des forces productives, cela implique donc d’étudier les Grundrisse de Marx où ces questions concernant le rapport entre valeur d’usage et valeur d’échange sont très bien expliquées, en vue de comprendre le développement du capital fixe, alors qu’elles ne sont que succinctement exposées dans le Capital, à propos de la plus-value, précisément.

Donc, si tu veux débattre de quelque chose réellement utile et ne pas perdre de temps, je te propose de commencer par étudier les Grundrisse sous l’angle, précisément, de cette démarche féconde pour une renaissance d’un mouvement de lutte de classe dans le contexte actuel.

A vrai dire, tant qu’il n’y aura pas un groupe de travail déterminé sur ce sujet, rien ne changera dans la déchéance de la gauche actuelle, y compris dans celle de ses résidus pseudos-«  marxistes-léninistes  ».

La balle est dans ton camp, camarade, si tu veux vraiment combattre, à toi de jouer  !

Amicalement,

Luniterre


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 Néanmoins, incapable d’assumer la déchéance pourtant flagrante de la « gauche » française, même pseudo-« marxiste-léniniste »,

 

1947-2023 – De la genèse de la « Guerre Froide » à la décadence de l’Occident et à la déchéance de la « gauche » française

 

 

…le « Camarade Novhum » pense pouvoir se raccrocher à l’un ou l’autre de ses débris et vestiges, se présentant, formellement, comme « marxistes-léninistes »…

 

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Alors que…

 

 _ »Chercher à se débarrasser de toutes ses illusions est la bonne démarche du matérialiste dialectique, même si prendre la réalité en pleine figure peut faire mal.

Si l’on veut avoir une chance d’agir sur le réel, il faut commencer par l’accepter tel qu’il est réellement, même si ce n’est évidemment pas pour s’y complaire !

Question illusions, le problème principal du « Camarade Novhum » semble être nettement être qu’il n’accepte pas la réalité de la déchéance quasi complète de la « gauche » française et cherche presque désespérément la « branche la moins pourrie » à laquelle pouvoir malgré tout se raccrocher.

Dans son « hésitation », le « Camarade Novhum » balance entre deux branches qui se réfèrent formellement au ML, le ROCML et le PCRF.

Plutôt que d’explorer les arcanes de ces micro-organismes en voie de décomposition avancée, je pense que le mieux est toujours d’en revenir à la base, aux vrais fondamentaux du ML, qui sont les critères de nature de classe des phénomènes sociaux, et y compris, des organisations se réclamant de la classe ouvrière et prolétarienne.

Le critère est actuellement très simple : c’est celui de la position des uns et des autres par rapport au conflit en Ukraine.

Quelle est la nature de classe des belligérants ?

S’agit-il d’une confrontation entre deux nations, deux impérialismes, ou d’autre chose, éventuellement plus complexe ?

La question « nationale » ukrainienne, effectivement, est d’une très grande complexité et justifierait à elle seule bien plus qu’un exposé, même très long !

En 2014-2015 j’ai suivi attentivement ce qui était en réalité le début de la guerre actuelle, qui s’est trouvée provisoirement « gelée » par les « accords de Minsk », tout étant relatif, car des violences ont persisté tout au long de ces années. Sans être russophone, j’ai quelques rudiments dans la langue de Pouchkine qui m’ont permis de comprendre beaucoup de choses sur la genèse de ce conflit. Annie Lacroix-Riz, qui n’est pas russophone, mais qui a un accès professionnel aux sources, et beaucoup plus anciennes que 2014, a très bien expliqué, dans ses vidéos, ce qu’il en est à ce sujet, sans « parti-pris » ni influence notable de son appartenance au PRCF, qu’elle sait tenir en dehors de son job d’historienne, dans ce cas, et bien souvent aussi, pour le reste, ce qui fait, incidemment, l’intérêt de ses travaux historiques, même s’ils ne sont pas forcément exempts d’autres critiques.

Bref, suite à la rupture, par l’Ukraine et les puissances occidentales signataires, des « accords de Minsk », la Russie, ayant reconnu finalement les « Républiques Populaires » du Donbass (Donetsk et Lougansk), s’est donc trouvé une légitimité à intervenir en Ukraine.

Cette légitimité est un point de droit international qui peut évidement être contesté et donner lieu à des débats sans fin, mais qui n’ont plus, de fait, aucun sens aujourd’hui, manifestement.

De plus, ce n’est donc pas ce qui nous concerne essentiellement, en termes de nature de classe des belligérants.

La nature de classe impérialiste des USA et de leurs satellites Ouest-européens au sein de l’OTAN n’est plus à démontrer.

L’Ukraine est formellement une nation indépendante, mais sur le plan économique elle dépend entièrement de l’Occident et son économie, notamment agricole, est devenue complètement la proie de ses maîtres occidentaux, à tel point qu’il n’est pas abusif de l’assimiler à un Etat bourgeois comprador.

Ceci-dit, outre ses ressources agricoles, industrielles et minières, la « richesse » principale de l’Ukraine est clairement sa situation géostratégique dans l’équilibre du monde.

Arrimer complètement l’Ukraine au monde occidental, c’est clairement, pour les USA, verrouiller l’essentiel des débouchés économiques possibles pour la Russie, vers l’Europe, et surtout, compléter une partie essentielle de son encerclement militaire.

(Une autre pièce essentielle de ce jeu d’échecs « européens », en fait US-Otanesque, c’est le Bélarus, un autre sujet bien documenté sur TML, VLR et Bélarus Infos-Solidarité, mais si on veut faire « court », ou du moins, pas trop long, on reverra ça une autre fois !)

Pour en venir au cœur vraiment déterminant de notre sujet il ne nous reste donc plus qu’à répondre à une seule question :

Quelle est la nature de classe de la Russie actuelle ?

Tout d’abord, il faut bien souligner que l’on doit absolument examiner le cas de la Russie tout à fait indépendamment de celui de la Chine. Ce n’est pas parce que ces deux pays ont des alliances, voire même, des alliances très fortes, qu’ils sont nécessairement d’une seule et même nature de classe.

L’histoire regorge d’alliances entre pays très différents à tous points de vue, y compris en termes de régimes sociaux, et que ce soit pour des raisons tactiques ou stratégiques, c’est donc ici également une autre question secondaire, qui n’infère pas avec la nature de classe des Etats alliés.

Or le critère d’analyse ML déterminant est particulièrement simple et efficace : un pays impérialiste est d’abord et avant tout un pays exportateur de capitaux, en vue, évidemment, de leur élargissement par l’investissement productif.

Je n’ai pas eu l’occasion de refaire la recherche ces dernières années, mais il est plus qu’évident qu’en matière d’exportation de capitaux et d’investissements à l’étranger, la situation de la Russie n’a fait que se dégrader, à partir des sanctions déjà drastiques, en la matières, prises par l’Occident à partir du véritable début du conflit, en 2014.

Le 20 Février 2018, soit quasiment 4 ans, presque jour pour jour avant l’intervention russe actuelle, paraissait donc un article général sur le sujet de l’impérialisme, sur TML, où se trouve donc ce passage qui semble répondre assez exactement à la question qui nous préoccupe aujourd’hui, et même aller un peu plus loin, par rapport à d’autres points historiques :

 

 

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« Il est vrai que selon la présentation actuelle qui en est faite par les médias du système, la Russie de Poutine serait donc le dernier « grand méchant loup » menaçant la quiétude de l’Occident, depuis le recul des « djihadistes » au Proche-Orient.

On a vu que le moindre de ses mouvements stratégiques est scruté et aussitôt interprété comme une « menace » et une intention agressive à l’égard de l’Occident, même lorsqu’il se déroule sur son propre territoire ou sur celui de ses alliés.

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/02/08/tout-ca-pour-ca-ou-les-eternels-demons-kollabos-de-la-petite-bourgeoisie-maoiste/

 

 

L’épisode « Crimée » a été évidemment le pic symbolique de ce syndrome, en dépit de sa légitimité assez évidente et que l’Occident est bien dans l’incapacité de contester, du reste. Une « annexion » éventuelle du Donbass serait évidemment interprétée comme une nouvelle « agression » alors que ce rattachement est le souhait massif des populations locales et serait donc tout à fait conforme au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Si l’ambiguïté du régime Poutine doit être critiquée, au sujet de l’Ukraine, c’est bien plutôt dans le sens d’une temporisation diplomatique excessive qu’elle devrait l’être.

En Ukraine comme ailleurs, si l’on tient compte de l’épisode sanglant du Maïdan et de ses suites, c’est carrément d’une inversion des rôles qu’il s’agit, et c’est la stratégie de résistance de la Russie qui est systématiquement présentée comme une suite d’entreprises agressives supposément « impérialistes », donc, selon certains discours « de gauche » et même pseudos « marxistes-léninistes ».

Face au déferlement « préventif » du militarisme US et Otanesque sur l’essentiel des zones stratégiques jouxtant ses frontières, la stratégie de résistance et de désencerclement de la Russie surprend par son ampleur et sa relative efficacité, jusqu’à ce jour.

Au regard de l’Occident, cette efficacité est donc tout à fait « politiquement incorrecte » et semble seulement bien venue pour accréditer ce renversement des rôles, et attestant d’un hypothétique « équilibre des forces », voire même d’une très théorique supériorité militaire, elle accréditerait donc la thèse d’un « impérialisme russe » renaissant de ses cendres, héritier en ligne directe du « social-impérialisme soviétique »…

Même si l’on se place du point de vue primitif d’un prétendu « impérialisme militaire », la réalité des chiffres devrait remettre les choses en proportions. Pour 2017, le budget de l’armée US représente à lui seul 40% du budget militaire total de la planète ! Et il est plus que douze fois supérieur à celui de la Russie ! Qui est lui-même inférieur à celui de la France, grande donneuse de leçons et pourvoyeuse de conflits à travers le monde, et en Afrique, notamment !

http://www.lepoint.fr/monde/budget-militaire-la-france-depensera-plus-que-la-russie-en-2017–12-12-2016-2089696_24.php

http://hist.science.online.fr/storie/politiq_incorrect/PaxAmericana/puissance-militaire.htm

La Russie a effectivement hérité du passé soviétique une industrie militaire d’un bon niveau et a réussi à la rendre à nouveau fonctionnelle, avec en réalité peu de moyens. Ce qui est simplement une nécessité pour sa survie, dans le contexte international actuel, et nullement une preuve de volonté « expansionniste ».

Ce meilleur rapport coût/efficacité est d’ailleurs reconnu et envié jusqu’au sein de l’armée US elle-même…

http://pqasb.pqarchiver.com/mca-members/doc/1868134384.html?FMT=TG

Le véritable impérialisme, effectivement, ne peut aller sans gâchis matériel, financier, et humain, en fin de compte !

Voilà donc pour l’ « impérialisme militaire »…

Quid de l’ « impérialisme financier » de la Russie ?

Si le budget militaire US représente à lui seul 40% du budget militaire mondial, il en va de même déjà simplement pour la capitalisation boursière située aux USA, qui représente donc également 40% du total mondial. Sur l’ensemble mondial des titres financiers, ce sont largement plus de 50% qui sont contrôlés par des américains…

Par comparaison, la capitalisation boursière de la Chine, son challenger, équivaut à 40% …de celle des USA, soit environ 16% du total mondial.

La capitalisation boursière de la Russie, pour sa part, représente moins de 1,5% de la capitalisation US, soit aux environs de 0,6% du total mondial !

Une seule entreprise américaine, comme Apple, représente à elle seule plus du double de la capitalisation boursière totale en Russie… !

Et qu’en est-il de l’exportation « massive » de capitaux russes qui devrait être la manifestation essentielle de cet « expansionnisme » dévergondé… ?

Comparons les chiffres chinois et russes pour l’année 2016 :

La Chine a exporté en 2016 pour 183 Millards de Dollars de capitaux, et en a importé 133, soit un différentiel POSITIF, pour l’export, de 50 Mds de Dollars.

https://www.tradesolutions.bnpparibas.com/fr/implanter/chine/investir

Cette même année, la Russie a importé en tout moins de 33 Milliards de Dollars, et n’en a exporté que 22, soit un solde NÉGATIF de près de 11 Mds.

https://www.tresor.economie.gouv.fr/Ressources/File/438470

Et encore, selon la source, environ 70% de ces 22 Mds exportés le sont vers des « zones à fiscalité privilégiée », et ne sont donc pas réellement de l’investissement productif. Plutôt de l’évasion fiscale, en termes moins diplomatiques…

Autant dire, en dépit de quelques cas spectaculaires manifestement montés en épingle par la propagande médiatique occidentale, que l’ « exportation » de capitaux russes, déjà basicalement déficitaire, est donc en réalité carrément à considérer comme négligeable, du point de vue des critères qui en feraient l’expression d’un « impérialisme russe ».

Comment donc peut on considérer un pays, certes capitaliste, mais qui n’exporte quasiment pas de capitaux et dont la capitalisation boursière est des plus réduites, surtout en proportion de sa taille et de son importance géostratégique, à l’échelle d’un continent ?

Ses seules ressources économiques conséquentes reposent sur l’exportation de ses matières premières, et non sur leur transformation, et sur l’exportation d’armes, sa seule industrie réellement compétitive, à l’échelle internationale.

C’est en ce sens qu’elle se rapproche effectivement à nouveau de ce qu’était l’URSS des décennies Khrouchtchev-Brejnev, avant l’effondrement de la période Gorbatchev-Eltsine, de loin la plus noire.

On ne peut pas résumer en quelques lignes l’histoire économique de cette époque, mais elle peut effectivement se comparer à la période de transition « Deng Xiaoping » en Chine, en ce sens qu’il s’agit d’une période de transition de type « comprador », mais, en l’occurrence, totalement ratée, notamment en raison de l’importance prépondérante de l’économie mafieuse. Il n’y a donc pas eu d’accumulation primitive suffisante pour constituer un capital financier monopoliste russe capable de démarrer un cycle de développement basé sur l’exportation de capitaux, à partir de groupes industriels et financiers compétitifs à l’échelle internationale.

Seul le géant « Gazprom » peut sembler faire illusion, mais précisément il ne concerne que l’exploitation et l’exportation de matières premières, ne gérant donc en fait qu’une situation de dépendance de la Russie vis à vis de ce marché complexe, et de plus, majoritairement au mains de l’État russe, c’est le cas typique d’un élément de capitalisme d’État de type national-bureaucratique, et non pas la composante d’un pôle économique capitaliste au stade impérialiste, on vient de le voir.

En ce sens, en tant qu’héritier quasi direct de ce qu’était l’économie soviétique de la période Khrouchtchev-Brejnev, il nous renseigne sur ce qu’était la nature de classe de l’URSS à cette époque. On a déjà vu à quel point elle se trouvait dépendante de l’exportation des matières premières.

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2017/08/05/prix-du-petrole-effondrement-des-cours-et-effondrement-dune-theorie-pseudo-marxiste-leniniste/

La prise du pouvoir par la bureaucratie khrouchtchevienne s’est faite pratiquement en parallèle de l’installation au pouvoir, en Chine, de la bureaucratie nationale-maoïste. De plus, on a également déjà vu à quel point, à cette époque, ces deux fractions, russes et chinoises, partageaient les mêmes vues sur le démantèlement des infrastructures socialistes en URSS, et sur leurs propres modes de « développement », en dépit de leur conflit ultérieur et des légendes « théoriques » cultivées par la gauche française, surtout supposée « extrême », à ce sujet.

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2016/11/02/maoisme-etou-marxisme-leninisme/

C’est pourquoi le programme de « réformes » initié par Khrouchtchev peut être qualifié de contre-révolution, précisément en ce qu’il change la nature de classe de l’État soviétique. D’État socialiste, il en fait une dictature bourgeoise nationale-bureaucratique. Ce qui pouvait encore être une révolution de libération nationale en Chine, après la colonisation et la dictature japonaise, était par contre nettement de nature réactionnaire et contre-révolutionnaire en URSS.

Le conflit, qui s’est développé entre eux, ensuite, principalement à partir du début des années 60, est donc un conflit entre deux fractions de la bourgeoisie nationale-bureaucratique, les deux plus importantes de cette époque là, qui tentaient en outre de se disputer le leadership des mouvements de libération nationaux, alors en plein essor.

C’est principalement au cours de cette décennie des années 60 que s’est forgé le lexique maoïste de base concernant la pseudo- « théorie du social-impérialisme soviétique », reprise, entre autres, par les « marxistes-léninistes » français, et encore jusqu’à aujourd’hui. Qu’ils aient largué ou non le maoïsme en cours de route, ils n’en continuent pas moins à tirer ce boulet théorique avec eux et même à le ressortir et à lui redonner un coup de « polish » pour établir un lien « impérialiste » entre l’URSS de cette époque et la Russie d’aujourd’hui… ! »

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/02/20/limperialisme-nest-pas-un-complot-cest-un-systeme-economique-a-la-base-du-capitalisme-mondialise/ 

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Cet extrait a, en outre, l’avantage d’aborder de manière plus générale la question de la nature de classe des nations du tiers-monde en voie d’émancipation. Certaines ont pu avoir des velléités sincères de « passage au socialisme », comme Cuba ou la RPDC, mais elles n’en n’ont pas eu la possibilité matérielle, dans le contexte du révisionnisme soviétique, et le fait qu’elles en soient restées avec des régimes de bourgeoisies nationales-bureaucratiques, avec, souvent, de fortes connotations sociales concrètes, comme Cuba, c’est déjà un acquis précieux dans le contexte actuel.

Dans le cas du Vietnam il est clair que l’on a affaire, dès le départ de la lutte, à une bourgeoisie nationale tout à fait dépourvue de visées de nature réellement socialiste, et cela dès sa prise du pouvoir, même s’il lui fallait continuer à cultiver un langage pseudo-ML, pour des raisons évidentes, aussi bien de politique intérieure, que de cohérence avec ses alliances internationales. Autrement dit, un processus assez proche de celui des maoïstes en Chine. Du reste, assez rapidement, un capitalisme financier vietnamien s’est formé sur le modèle chinois, même si à échelle réduite. En somme, l’embryon d’un impérialisme « régional » dans cette partie du monde

Ces dernières décennies, d’autres nations, comme le Brésil et la Turquie, ont entamé un processus de « développement financier » à tendance impérialiste, sans être capable, pour autant, de tenir durablement cette voie, contrairement au Vietnam.

Sinon, effectivement, la plupart des nations actuellement encore couramment qualifiées de « socialistes » sont à caractériser comme « bourgeoises nationales-bureaucratiques », même si avec des histoires parfois très différentes. C’est la base économique actuelle qui est déterminante, et non le discours politique de leurs dirigeants. C’est l’étude de leur base économique et sociale qui doit déterminer l’attitude politique d’un ML vis-à-vis de ces pays, et non leur obédience idéologique formelle, qu’elle soit « de droite » ou « de gauche » !

Pour en revenir à la Russie actuelle, la question est donc claire : sa nature de classe est celle de la restauration d’une bourgeoisie nationale-bureaucratique, en grande partie héritière de la phase nationale-bureaucratique Khrouchtchev-Brejnev, même si après la période Gorbatchev-Eltsine, de nature essentiellement comprador.

Et pour conclure à propos du ROCML et du PCRF, ils en sont à étaler milles arguties formellement assez bien tournées pour se donner des airs de « marxisme-léninisme », mais en réalité pour contourner l’essentiel, qui vient d’être rappelé ci-dessus et pourrait même se résumer aux quelques chiffres concernant la balance carrément déficitaire du mouvement de ce qui reste de capital financier, en Russie, qui n’a jamais dépassé le stade embryonnaire, et encore moins atteint le stade d’une « exportation de capitaux » qui soit un tant soit peu significative.

Pour un ML, parler d’« impérialisme russe », au stade actuel, c’est soit faire la preuve d’une ignorance crasse, qui ne peut donc pas, à ce point, être celle d’un ML possédant les notions de base, soit faire la preuve d’une duplicité dont les motivations ne peuvent être que le révisionnisme, l’opportunisme et/ou la lâcheté face à l’adversité.

Chez les communistes russes, à part une infime minorité de trotskystes, de maoïstes et de gauchistes peu ou prou compromis avec les puissances occidentales, la très grande majorité, soit 15 à 20% de la population russe, sans compter les « sympathisants », simplement « nostalgiques » de la grandeur de l’URSS, qui sont la majorité absolue, ont instinctivement compris la nécessité de soutenir ce qui est en réalité une lutte pour la survie d’une Russie indépendante et non soumise à l’impérialisme et au mondialisme. Ensuite, selon les partis et les groupes, il y a des « nuances » d’analyse, pouvant aller de ceux qui voient Poutine comme un élément authentiquement progressiste, à défaut d’être communiste, à ceux qui veulent simplement saisir l’opportunité de la guerre pour armer le prolétariat et le peuple et préparer, pour ainsi dire, la suite !

Il n’y a donc pas lieu de se faire la moindre illusion sur le « potentiel » d’évolution de groupes comme le ROCML et le PCRF pour un retour aux fondamentaux du ML : il est absolument nul !

Concernant la Chine, il n’y a pas non plus la moindre illusion à se faire concernant un éventuel « retour au maoïsme révolutionnaire », même sous sa forme réelle nationale bureaucratique bourgeoise, de la part de Xi Jinping. Alors que le capitalisme financier chinois a connu une expansion continue depuis plusieurs dizaines d’années, maintenant, cela n’aurait évidement aucun sens, ni politique ni économique, de la part d’aucune fraction de la bourgeoisie en capacité de contrôler un système monopoliste d’envergure mondiale, et déjà plus que largement mondialisé, dépendant donc de son emprise internationale pour survivre, tant en termes de débouchés commerciaux que de sources d’approvisionnement en matières premières, et même, en termes de ressources agricoles, chroniquement insuffisantes dans ce pays, depuis le tragique « Grand Bond en Avant » !

Comme pour le Japon il y a quelques décennies, l’évolution des forces productives chinoises suit maintenant un parcours « parallèle », en quelque sorte, même si avec un léger retard, par rapport à celui de l’Occident, en termes de productivité du capital, et se trouve donc confronté à la même nécessité de banco-centralisation, qui est parfois également caricaturée, en Occident, par les tenants du capitalisme « classique », comme une sorte de « soviétisation » de l’économie occidentale, alors qu’il s’agit simplement de la domination de l’influence des politiques monétaires banco-centralisées, qui est le point commun, de plus en plus, entre l’Occident et la Chine.

Voilà donc, en quelques mots déjà très longs, ce qui me semble être l’essentiel de ces questions.

Concernant la question de l’influence du postmodernisme sur la gauche française, elle n’est pas forcément à négliger pour autant, mais elle concerne essentiellement la partie déjà la plus influencée par l’idéologie petite bourgeoise, et c’est principalement en combattant cette influence sur le fond que nous arriverons à la faire reculer.

Pour l’instant, le critère d’affrontement stratégique, sur le fond, et à plus d’un titre, c’est bien la question ukrainienne. Il est clair qu’elle est carrément clivante, par rapport à tout ce fatras idéologique gauchisant « sociétal », et c’est bien là-dessus que nous pouvons nous appuyer pour avancer sur du solide et éviter de perdre un temps infini en palabres « sociétaux ».

Le sujet est suffisamment « explosif », et là aussi à plus d’un titre, pour nous permettre, à partir de là, de démantibuler tout le chapelet des perles « sociétales » à la mode dans tous les domaines, qui se tient par un seul et même fil reliant les restes du capitalisme monopoliste « classique » au nouvel ordre mondial banco-centraliste, dont les USA entendent manifestement rester les maîtres, et par tous les moyens.

Le rapport de forces est manifestement tel, avec une gauche entièrement acquise à la collaboration de classe, en France, que nous n’avons pas la capacité, à court ou même à moyen terme, d’envisager sérieusement de mener rapidement la lutte de classe jusqu’à une forme de socialisme qui corresponde à a réalité de notre époque et de notre pays. Par contre, nous avons la possibilité, si nous sommes capables de regrouper quelques ML, de former un noyau de lutte de solidarité avec les luttes  des autres pays déjà en lutte contre ce nouvel ordre mondial, et par conséquent, de contribuer à créer les conditions internationales dans lesquelles les bourgeoisies de nos pays occidentaux seront affaiblies et décrédibilisées politiquement, ce qui commencera donc également à créer les conditions d’un réveil des consciences et des luttes sociales dans notre pays, et en premier lieu, en vue de retrouver les bases économiques de notre indépendance nationale.

Et très logiquement, former un tel noyau commence précisément par la formation aux fondamentaux du ML, ce qui nous ramène au sujet du précédent post, et je pense que c’est donc le bon thème pour mettre un point final à ce très long mail !

Luniterre

 

 

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Malgré tout, le « Camarade Novhum » pense qu’il doit faire confiance au « potentiel » de l’un ou l’autre groupuscule, mais ne se sent pas capable d’assumer les fondamentaux du marxisme, auquel il se « réfère » pourtant!

 _ »Tu me parles des Grundisses de Marx, mais je ne peux absolument pas faire commencer la formation par cela puisque c’est tout de même assez complexe.”

 

 

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Bonjour, Camarade Novhum !

 

Allons tout de suite à l’essentiel et au plus simple :

La critique de l’économie politique, c’est précisément la base de tout, et donc l’essentiel de toute formation.

C’est donc par là que toute formation doit commencer !

Il ne s’agit évidemment pas de réciter les Grundrisse du haut d’une chaire de docteur en ML, mais de se servir des notions de base qui s’y trouvent pour élaborer notre propre « module de formation », en quelque sorte, pour utiliser un langage contemporain.

Cela suppose donc que le « formateur » lui-même soit capable de maîtriser ces notions de base, et doit donc les avoir lui-même étudiées dans le texte d’origine.

Et là, il me semble donc que tu es directement concerné !

C’est la condition sine qua non d’une formation ML capable d’expliquer ce qu’était la formation de la plus-value, et donc, du capital, de la fin du XIXème siècle au tournant du XXIème, et en quoi le capital est en train de se transformer et d’évoluer, sous nos yeux et à nos dépens, avec l’émergence du banco-centralisme.

La notion de valeur, de plus-value et leurs évolutions actuelles, camarade, c’est tout simplement le B-A BA du ML, et si nous ne sommes pas capables d’avancer sur cette question, ce n’est tout simplement pas la peine de continuer à parler de ML en France !

 

Sinon, concernant le ROCML et le PRCF, je crains donc fort que mes explications n’aient pas été aussi claires que tu veux bien fort gentiment le dire… !

Dans les circonstances géopolitiques actuelles, la question de la nature de classe de la Russie « Poutinienne » est bien un élément « clivant » et donc simplement, autrement dit, un critère politiquement déterminant qui sépare ceux qui sont capables d’une analyse marxiste et ceux qui ne le sont pas.

 

Concernant le ROCML et le PRCF ce critère est donc à la fois nécessaire et suffisant pour en caractériser la nature politique, et donc, in fine, la nature de classe !

Leur position, sur ce point, n’est aucunement l’objet de la moindre ambiguïté :

Ils ont tout les deux la même « analyse » qui caractérise, selon eux, la nature « impérialiste » de la Russie actuelle, et cela déjà, bien avant le conflit actuel.

On pourrait passer des heures à détailler l’histoire de ces groupuscules, mais c’est tout simplement de l’énergie et du temps gaspillés. Point barre.

[…]

Comme je l’explique également au camarade Jack Freychet, sur un autre fil de débat,

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2023/06/10/un-nouveau-congres-de-tours-est-il-possible-en-2023/#comment-9846

 

 …l’heure n’est plus à se payer d’illusions et de jolis mots.

Chaque jour, sur toute la ligne du front, des centaines de gars se font trouer la peau et tombent victimes de ce conflit atroce entretenu depuis 2014 par les mondialistes, en attente de l’occasion d’un conflit radical avec la Russie de Poutine.

Est-ce que nous restons à disserter derrière nos ordis ou bien est-ce que nous sommes capables d’exprimer, au moins symboliquement, pour commencer, notre solidarité avec cette lutte évidemment déterminante pour l’avenir du monde et de l’humanité ?

Notre action, même symbolique, doit donc néanmoins s’inscrire dans une perspective de lutte de classe, et c’est bien dans cette perspective que la constitution d’un « module de formation » aux fondamentaux du ML peut donc prendre son sens.

Tout en resituant les notions de base de valeur et de plus-value dans le contexte actuel, ce module doit donc également déboucher sur un éclairage simple, pédagogique, des causes et des enjeux du conflit actuel en Ukraine, et donc permettre d’impulser notre action de solidarité à un niveau politique significatif.

Ce sont les deux premiers pas absolument inséparables l’un de l’autre de la renaissance d’un mouvement véritablement communiste et ML en France, à l’heure actuelle.

Faire concrètement ces pas, avancer ou non, telle est la seule question actuellement importante à débattre !

Luniterre.

 

 

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PS : Concernant la question du lyssenkisme et du néo-lyssenkisme, évoquée dans un mail du « Camarade Novhum », et surtout, sur le courageux combat, authentiquement ML, celui-là, de Youri Jdanov contre cette escroquerie intellectuelle, quelques liens, sur TML:

 

LIENS TML SUR LYSSENKO >>>

 

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/01/19/cafe-marxiste-ou-tasse-de-the-revisionniste/

 

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/02/10/anti-suing-mutations-mortelles-au-cafe-lyssenkiste/

 

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/02/13/anti-suing-et-neo-lyssenkisme-une-suite-au-debat/

 

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/02/14/anti-suing-ou-mene-ce-debat-sur-le-lyssenkisme/

 

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/02/15/revisionnisme-tragi-comique-le-marxisme-selon-ollaf/

 

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/03/02/le-revisionnisme-de-mm-gastaud-suing-et-cie-demasque-par-les-sources-historiques-sovietiques-et-russes/

 

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/03/02/anti-suing-la-preuve-par-yuri-jdanov/

 

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/03/04/des-contorsions-pathetiques-de-l-ontologie-de-la-dialectique/

 

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/03/08/mm-gastaud-suing-et-cie-heritiers-du-thorezisme/

 

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/03/11/contre-le-neo-lyssenkisme-un-message-de-jacques-sapir/

 

 

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 Littéralement « sur les traces » de Youri Jdanov,

à Rostov sur le Don…

 

 

 

 

Mémorial Youri Jdanov à l’Université de Rostov sur le Don,

devant la Bibliothèque qui porte son nom:

 

 

 

 

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